TOUT, TOUT DE SUITE : POUR UNE RéVOLUTION DES TRANSPORTS DU QUOTIDIEN

A l’heure de la transition écologique, en partenariat avec la Plateforme d’observation des projets et stratégies urbaines (Popsu), plongée dans les projets et initiatives qui font bouger les politiques urbaines.

Quand les mobilités du quotidien se grippent, c’est tout un modèle de société qui entre en crise. Avec la hausse des prix du carburant, le budget transport devient insupportable pour des millions de ménages des zones périurbaines et rurales. L’accessibilité des emplois et des services, concentrés dans les grandes agglomérations, se réduit. L’impérieuse nécessité de la décarbonation de la route, dont les usages représentent près de 30 % du bilan carbone du pays, rend plus sensible encore le risque de voir se creuser les inégalités territoriales entre les villes et leurs périphéries. Le véhicule électrique, encore inaccessible à de nombreux ménages, ne suffira pas à désamorcer la bombe sociale des déplacements longs du quotidien : la situation appelle un choc d’offre de mobilités.

Le Secrétariat général à la planification écologique auprès du Premier ministre a clairement identifié le potentiel de trois leviers de report de la voiture vers des modes de déplacements collectifs : les RER métropolitains annoncés par le président de la République fin 2022, le développement du covoiturage et les lignes de cars express. Si un ambitieux programme de rénovation des voies ferrées, doté d’un budget de 100 milliards d’euros, et un plan de développement du covoiturage du quotidien ont bien été lancés, la piste des cars express est, à quelques rares exceptions près, restée un angle mort du débat public : un levier sans récit positif, un levier sans plan d’action national, un levier sans financement.

Pourtant, les lignes de cars express font le plein de voyageurs à Bordeaux, Grenoble ou Aix-en-Provence comme à Madrid, illustrant depuis deux décennies la pertinence du modèle, que confirme encore le nouveau schéma directeur des lignes de cars express adopté en décembre dernier par Ile-de-France Mobilités. Cette solution peut être déployée rapidement et adaptée facilement aux besoins des voyageurs, avec des investissements limités : elle s’adosse d’abord à de simples parkings relais, puis dans un deuxième temps à des voies réservées sur des routes existantes. Elle n’est pas réservée à une douzaine de métropoles, car ce sont toutes les villes de plus de 50 000 habitants qui sont les destinations de fait pour les habitants des communes périphériques à la recherche d’emplois, de services administratifs ou de services de santé. Elle doit être conçue non pas à partir des métropoles mais à partir de, et pour l’habitat urbain diffus des petites agglomérations, et des zones rurales, où se cristallise le défi démocratique des mobilités.

L’urgence sociale autant que climatique exige que l’on libère de la dépendance à la voiture individuelle les travailleurs essentiels qui font 20 ou 30 kilomètres pour rejoindre leur lieu de travail. Ce dont ils ont besoin, c’est d’un choc d’offre de services disponibles immédiatement, pas un choc d’offre de projets.

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