MORT AUX VALISES à ROULETTES !

Les vacances s'achèvent, je me félicite d'avoir triomphé de tous les dangers estivaux ? turbulences de Boeing, sangliers sur les voies de la SNCF, chutes à vélo et autres gourdes à sec en rando ? et je crois même avoir identifié, au prix de deux sérieux vols planés, le pire d'entre eux. Plus fourbe que la tique des forêts normandes, plus mauvaise que le moustique tigre, plus casse-gueule que le VTT ? La valise à roulettes !

Celle qui sévit par milliers, vous savez, dans les halls de gare et d'aéroport et profite en traître du moindre instant d'inattention ? un bref coup d'?il, par exemple, au panneau d'affichage ?, pour vous heurter avec force les mollets ou, pire, vous faucher lamentablement sur le tarmac. Étalée de tout mon long dans le hall de la gare Saint Lazare après le passage éclair d'une méchante petite Samsonite ? le deuxième fauchage en règle de l'été ?, j'en suis venue à méditer sur cet attribut supposé indispensable du vacancier moderne ? que je possède, moi aussi, en plusieurs exemplaires?

Bruyante et changeante

Si un Roland Barthes du futur s'applique un jour à identifier les objets iconiques de ce début de millénaire, la valise à roulettes sera sans aucun doute dans sa top liste, symptôme d'un individualisme sans gêne et triomphant dont riront, avec un peu de chance, nos descendants. Car, pour nous épargner le simple effort de porter nos bagages à la force de nos biceps ? nous qui suons pourtant si volontiers en salle de sport ? que de nuisances sommes-nous prêts, sans ciller, à infliger à nos congénères !

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Le vacarme, d'abord : cet effarant ronron, sur les pavés des cours d'immeubles ou des rues piétonnes, lorsque commence, à huit heures du matin, la grande transhumance des locataires d'Airbnb. Et puis cette façon de la traîner derrière soi, suivant des trajectoires changeantes et complètement imprévisibles, assumant sans façon, nez au vent, de faire obstacle au cheminement des autres. Et hop, un virage en épingle, qu'importe que trois clampins se vautrent sur le passage de ma mini Delsey?

Consciente d'avoir moi-même heurté, cet été, pas mal de vacanciers, j'ai résolu pour mon dernier trajet de charger, comme jadis, un simple sac de voyage sur mon épaule. Et je dois dire qu'ainsi lestée, comme de juste, du poids de mes effets personnels ? choisis du coup avec parcimonie ?, traçant ma route dans la foule sans emmerder quiconque, grimpant les escaliers quatre à quatre quand tant de mes semblables y traînaient avec difficulté leur énorme bagage roulant, je me suis sentie comme un môme auquel on viendrait d'ôter, enfin, les petites roues de sa bicyclette : libérée. Et peut-être même un peu moins infantilisée.

Drôle d'ère. Chaque semaine, Violaine de Montclos, en collaboration avec la dessinatrice Soledad, tient la chronique amusée de notre étrange époque.

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« T'as qu'à demander à Chat GPT ! »
Les goujats de l'autopromo
« Uniqlo ! Curly ! Mais comment as-tu pu ? »
« Mona Lisa, lève-toi ! »
Bolosse et belle lurette
Trop de choix tue le choix !

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