EUROPE : CEUX QUI L’AIMENT PRENDRONT LE TRAIN

Non, l’Europe n’est pas qu’un agrégat compliqué de nations repliées sur leurs identités et leurs cultures, c’est aussi un vaste territoire que parcourent des fleuves – à l’image du Danube qui traverse ou longe dix pays du continent et baigne des capitales comme Budapest, Vienne, Bratislava ou Belgrade – et surtout des trains, en long, en large et en travers, reliant des femmes, des hommes, des lieux et des monuments, faisant fi des frontières et du barrage de la langue. «Toute frontière est fille de la guerre», notait l’écrivain triestin Claudio Magris dans Classé sans suite (2015) : c’est notamment pour éloigner la guerre que l’Europe est née et le meilleur moyen de comprendre tout ce qui nous rassemble et surtout à quel point il est facile de passer d’un pays à l’autre sans s’en rendre compte, c’est de sauter dans un train, puis dans un deuxième, un troisième et on en passe, et ainsi de faire le tour de l’Europe comme on ferait le tour de la France, en goûtant la diversité des paysages, des accents et des plats, et en se remémorant les grands moments qui ont fait l’Histoire.

C’est ce qu’a entrepris notre reporter, n’écoutant que sa curiosité, quelques semaines avant des élections cruciales pour l’avenir d’un continent menacé par la montée des nationalismes et de l’extrême droite. Il a pris une vingtaine de trains (dont un train embarqué sur un bateau), parcouru 6 000 kilomètres et six pays en une dizaine de jours, et roulé 62 heures sans s’ennuyer une seconde tant il y avait à voir et à faire. Et il a pu vérifier que le train était bien LE moyen de transport de l’avenir, qui ne dérègle pas le climat et abat les frontières (le réseau européen est entièrement accessible quinze jours consécutifs avec un Pass Interrail à 476 euros) et propice à ­toutes les rêveries. Reste à achever de convaincre Etats et entreprises d’investir dans ce moyen de transport qui a subi un gros coup d’arrêt quand tout tournait autour de l’avion. Fret ferroviaire, trains de nuit… il y a encore beaucoup à faire. L’aventure en vaut clairement la peine.

Le rail-trip européen de Libé en cinq étapes :

Etape 1 : Près de Bruxelles, à la recherche du fret ferroviaire disparu

Etape 2 : Dans l’usine Alstom près de Berlin, l’industrie ferroviaire sur de bons rails

Etape 3: A Prague, sur les traces effacées des «trains de la liberté»

Etape 4 : De Vienne à Venise, le rêve du train de nuit redevient doucement une réalité

Etape 5 : A Taormine, le tourisme ferré prend la mer et son temps

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