TOURISTA : LES ALIMENTS à PRIVILéGIER EN CAS DE DIARRHéE DU VOYAGEUR

Un transit perturbé, hélas fréquent en voyage, a vite fait de gâcher les vacances… Heureusement, quelques bons gestes alimentaires aident à se rétablir rapidement.

La diarrhée peut avoir plusieurs causes en vacances : "Dans la majorité des cas il s’agit d’une contamination alimentaire due à une bactérie de type Escherichia coli, parfois un virus ou plus rarement un parasite. Plus on voyage longtemps, surtout dans des pays où l’eau n’est pas toujours potable, et plus le risque est important", explique le gastro-entérologue William Berrebi. Ces symptômes (maux de ventre, selles liquides et fréquentes…) apparaissent entre 12 et 72 h après l’ingestion d’un aliment ou d’une boisson contaminée, et disparaissent en général d’eux-mêmes au bout de 2 à 5 jours. Le risque principal, c’est la déshydratation : "Il est essentiel de se réhydrater en buvant au moins 1,5 l par jour d’eau minérale plate en bouteille, éventuellement de jus de fruits, ou des bouillons. Et de mettre le système digestif au repos en ne mangeant rien pendant 24 h", préconise le médecin. Puis on reprend progressivement, en mangeant des aliments constipants.

Des légumes digestes

On privilégie les légumes qui contiennent surtout des fibres solubles, comme les carottes, les courgettes, les aubergines ou les courges, elles vont permettre de ralentir le transit intestinal. Pas question de les consommer crus, mais plutôt bien cuits et idéalement en soupe, pour favoriser la réhydratation de l’organisme. Dans la recette, on peut glisser une ou deux pommes de terre qui vont épaissir la préparation sans trop solliciter les intestins, et apporter des sucres lents pour redonner un peu d'énergie.

Des fruits riches en pectines

On mise sur les plus riches en pectine, comme les pommes, les coings et les poires. Dans ce cas, mieux vaut les consommer plutôt cuits, en purée ou en compote, en veillant à ne pas trop y ajouter de sucre… Les bananes sont aussi intéressantes et très bien tolérées crues, mais il faut qu’elles soient bien mûres. Tous ces fruits ont l’avantage de ralentir le péristaltisme, c’est-à-dire les mouvements involontaires du tube digestif.

Des céréales raffinées

Le riz est un remède bien connu contre la diarrhée, à condition de consommer du riz blanc et bien cuit, plutôt trop cuit qu’al dente, mais surtout pas complet ou semi-complet. Ce féculent a l’avantage d’être très pauvre en fibres, ce qui va mettre les intestins au repos. C’est en réalité son seul avantage ! On peut donc sans problème le remplacer par de la semoule ou des pâtes, à condition là aussi d’opter pour des variétés très raffinées et de les faire cuire un peu plus longtemps. Le pain blanc fonctionne aussi.

Des flocons d’avoine

Côté céréales, les seules qui peuvent être intéressantes lorsque l’on souffre de diarrhée, sont celles d’avoine, qui sont surtout riches en fibres solubles. Elles ne contiennent pas de gluten, susceptible d’irriter l’intestin chez les plus sensibles. On peut consommer ces flocons cuits dans un porridge, en veillant à les mouiller avec plus d’eau que de lait, ou crus saupoudrés sur une compote ou un crumble de fruits. On peut aussi les mixer pour obtenir une farine et préparer ensuite des crêpes ou des pancakes à l’avoine.

Des viandes et poissons maigres

Quand on souhaite manger des protéines animales, c’est comme pour le riz ou les fruits, on privilégie tout ce qui est blanc et maigre, c’est-à-dire du poulet, de la dinde ou du veau pour la viande, ou côté poissons du colin, du cabillaud ou du lieu (même noir ou jaune, ça marche aussi !). Et des modes de cuisson pauvres en graisses comme la vapeur ou les papillotes, pour éviter de trop solliciter les intestins. On évite en revanche de les accompagner de sauces chaudes ou de mayonnaises.

Les boissons à éviter

Sodas

On évoque souvent le cola comme un remède de grand-mère contre la diarrhée, notamment parce qu’il est vendu en bouteille fermée sans risque d’être contaminé par une bactérie. Or il est très sucré, acide et riche en caféine, des facteurs qui peuvent agresser les intestins et accélérer le transit. Il vaut donc mieux éviter et préférer les eaux minérales en bouteille, ou pourquoi pas du jus de fruit, lui aussi en bouteille, auquel on ajoute une pincée de sel pour favoriser la réhydratation.

Alcool

Consommer une quantité d’alcool importante accélère le transit, cela provoque donc l’évacuation de selles plus liquides. Cela favorise aussi la déshydratation, ce qui n’est pas du tout souhaitable quand on souffre déjà de diarrhée. Lorsque la consommation est répétée, cela peut déséquilibrer le microbiote intestinal et augmenter les risques de troubles du transit, quels qu’ils soient.

Les précautions à prendre en voyage

Dans les pays où il peut y avoir des ruptures de la chaîne du froid, mieux vaut éviter les fruits et légumes crus, ou bien consommer seulement ceux qui peuvent être lavés ou épluchés, et privilégier les fruits "fermés" type mangue, banane ou noix de coco. "On évite aussi les poissons et fruits de mer, les viandes crues et les plats mijotés. Et on opte plutôt pour des grillades faites à l’instant. Et surtout, on ne boit pas d’eau du robinet et on ne consomme pas de glaçons : seules les boissons dans des bouteilles fermées garantissent l’absence de contamination", explique le Dr William Berrebi. On n’oublie pas non plus de se laver les mains très régulièrement ! Pour les plus sensibles, le gastro-entérologue conseille un protocole d’ultra levures à débuter 5 jours avant le départ et à continuer durant tout le voyage, à raison d’un comprimé de 200 mg par jour : "cela va renforcer le microbiote intestinal et le rendre plus résistant en cas d’infection."