TOUR DE L’ISLANDE EN CARAVANE : LE RéCIT D’UN LECTEUR

Serge Pereira et son épouse ont réalisé un voyage de cinq semaines en Islande avec leur caravane Eriba Touring Familia 310. Le récit de Serge, racontant leur expérience, nous montre que ce projet peu commun est un rêve réalisable.

Partir en Islande avec sa caravane, c’est possible ! C’est en tout cas ce que nous prouve le récit de Serge Pereira, qui a fait le tour de l’île en Eriba Touring Familia 310, tractée par son Citroën Berlingo Blue HDI.

Ce récit est écrit du point de vu de Serge

Pourquoi l’Islande en caravane ?

Je suis passionné par l’histoire de la construction navale viking et notamment par la technique des « bordages à clin », héritage direct de nos colonisateurs du Xe siècle. En tant que membre fondateur et administrateur de l’association Estran-Cité de la Mer de Dieppe, je suis également très sensibilisé à la nécessité de protéger nos océans. L’Islande, comme tous les pays septentrionaux, est déjà très impactée par les conséquences du réchauffement climatique. C’est pour ces raisons que j’ai choisi de découvrir ce pays en caravane.

Les étapes du voyage

Nous avons fait le tour de l’île dans le sens inverse des aiguilles d’une montre en commençant par l’Est, avec notre arrivée en bateau dans le magnifique fjord de Seyðisfjörður. Nous avons choisi de suivre le littoral, en n’empruntant que la route n°1, une option plus sécurisante que la visite de l’intérieur de l’île – et notamment ses volcans – qui impose d’avoir un 4×4. Voici les principales étapes par lesquelles nous sommes passés :

  • L’Est : Egilsstaðir et ses cascades en bordure de lac avec « la » forêt d’Islande, Hallormsstaðaskógur.
  • Le Nord : Mývatn, avec ses sources d’eau chaude et sa splendide réserve naturelle géologique, Húsavík, pour l’observation des baleines, à bord de bateaux traditionnels, Siglufjörður, un port historique de la pêche aux harengs, avec son magnifique Musée de l’ère du hareng (Síldarminjasafn Íslands).
  • L’Ouest : Hólmavík, une petite bourgade à l’entrée des fjords du Nord-Ouest, Ísafjörður, où nous avons fait une excursion en kayak, Patreksfjörður, un port-étape pour visiter les fjords alentour, Ólafsvík, d’où il faut aller observer les orques en bateau !, Reykholt, avec sa vallée glaciaire, ses cascades et ses sources d’eau chaude.
  • Le Sud : Reykjavik, la capitale, Flúðir et le « Cercle d’or », condensé de geysers, chutes d’eau et le « Lagon secret », piscine d’eau chaude naturelle à 40°, Skógar et ses maisons traditionnelles, Kirkjubæjarklaustur, un point stratégique pour les excursions sur le glacier ; à ne pas manquer, la sortie en zodiac sur la lagune glaciaire de Jökulsárlón, Höfn, une étape gourmande pour les amateurs de homard, et Djúpivogur, charmant petit village à l’histoire riche.
  • L’Est : Fáskrúðsfjörður, en fond de fjord, est un petit port où l’on en apprend beaucoup sur l’histoire de la pêche à la morue par les Français, Seyðisfjörður, la boucle est bouclée… Embarquement pour le retour !

Les préparatifs

Pour la réservation du ferry et l’organisation des excursions, nous avons fait appel à une agence de voyages. Celle-ci nous a programmé une douzaine d’activités. Après coup, je me suis rendu compte qu’elles étaient toutes dans le Guide du routard : au final, j’aurais préféré ne pas les planifier afin de ne pas être contraint par les horaires.

Le pays le plus cher

Comme l’Islande est réputée le pays le plus cher au monde (et c’est vrai !), il est bon d’envisager toutes les sources d’économie. Tout d’abord, pourquoi découvrir l’Islande en caravane ou en camping-car ? Essentiellement pour une raison financière, mais aussi le plaisir d’organiser votre « aventure » avec vos propres centres d’intérêt. Lorsque vous prenez votre caravane, vous pouvez emporter votre nourriture pour la durée de votre voyage, vous n’avez pas d’hébergement à prévoir ni de location de véhicule.

D’ailleurs, nous avons rencontré de nombreux Français qui ont eu de mauvaises surprises sur l’état général de leur véhicule de location… Pour que le voyage en ferry soit plus intéressant financièrement que l’avion, il faut être au moins trois semaines sur place. De toute façon, faire le tour de l’île tranquillement demande du temps. La monnaie est la couronne islandaise (ISK) : pour un euro, on obtient 141 ISK (et 100 ISK pour 0,70 euro environ). On trouve suffisamment de distributeurs de billets et l’on peut payer partout avec sa carte bancaire. À noter : on peut retirer du liquide sur le bateau.

Révision de la caravane et de la voiture

Il va de soi qu’avant votre départ, nous avons préparé minutieusement la caravane et la voiture avec, en premier lieu, la révision du moteur. Il faut avoir de bons pneus, car en dehors de la route 1 (qui fait le tour de l’île sur 1 300 km), la visite des fjords du Nord-Ouest exige d’emprunter des pistes qui parfois sont difficiles pour les véhicules dépourvus de quatre roues motrices. Sur le conseil de mon garagiste, j’ai équipé mon Berlingo de pneus neige pour les passages un peu caillouteux et boueux. Cela dit, je n’ai eu aucun problème particulier malgré des descentes et montées à 18 % dans les petits cailloux. Il est également important d’avoir des essuie-glaces en bon état.

Enfin, il est à noter que les caravanes islandaises sont équipées sur l’avant d’une protection contre les projections de boue et de cailloux, très fréquentes. Néanmoins, nous n’avons subi aucune casse. Nous avions prévu une bouteille de gaz supplémentaire. Pour réduire notre consommation, j’ai emporté un petit radiateur électrique, très utile, car les nuits sont souvent fraiches. Côté bagages, nous n’avons pas eu besoin de vêtements particulièrement chauds. Par contre, leur étanchéité est importante ! Contrairement aux idées reçues, les températures en juin sont clémentes avec 15 à 20°C et même 25°C dans le Nord-Est. Par ailleurs, nous n’avons presque pas eu de pluie ni de vent violent.

Enfin, il faut noter que la nourriture n’est pas le point fort du pays. On ne trouve pas de petits commerces et, curieusement, pas de poissonnerie (sauf à Reykjavik). Nous sommes donc partis avec la majeure partie de notre ravitaillement : nous avions prévu la plupart de nos menus et nous les avions rangés dans quatre caisses, une pour chaque semaine, stockées dans la grande soute de notre Touring.

Trajets en bateaux

Smyril Line est l’unique compagnie de ferrys qui, chaque semaine, fait l’aller-retour du Danemark à l’Islande. Nous avons embarqué le samedi midi à Hirtshals, dans le nord du Danemark, pour une arrivée à destination le mercredi matin. Entretemps, nous avons fait une escale de six heures aux îles Féroé, un vrai régal ! Nous avons choisi une cabine double avec vue sur mer, en pension complète.

Il y a des cabines sans vue sur mer moins chères, mais moins agréables : il ne faut pas oublier que le voyage dure trois jours à l’aller et deux jours au retour (pas d’escale aux Féroé). Bien sûr, les cabines et les espaces à bord sont très confortables, et le bateau est doté de systèmes antiroulis, bien utiles lorsque la mer est formée… Nous avons croisé beaucoup d’Allemands et de Scandinaves sur le bateau, les Français étant peu nombreux, probablement par manque d’information.

Première constatation en embarquant sur le ferry : sur les 600 véhicules embarqués, il n’y avait qu’une caravane, la nôtre ! Pendant la traversée, nous avons discuté notamment avec un couple de Français, propriétaires d’une caravane, qui avait fait le choix d’acheter une tente de toit pour leur Dacia Duster 4×4, par crainte d’affronter les vents violents très fréquents en Islande. Notre petite Eriba n’a jamais été mise en difficulté par le vent, grâce à sa faible hauteur et ses formes arrondies qui favorisent la pénétration dans l’air.

Les campings

On trouve de nombreux campings le long de la route n°1. Pour faire des économies, nous avons acheté, sur le ferry, la Camping Card. À cette carte s’ajoute une application qui recense tous les campings. Nous l’avons payée 180 euros, et elle nous a donné droit à 28 nuitées pour deux personnes. Ce prix s’entend sans électricité, pour laquelle il faut ajouter de 10 à 14 euros par jour.

Tous les campings offrent des bornes aux normes européennes. Il faut aimer les campings très simples et sauvages. Certes, la vue y est souvent exceptionnelle. Mais les emplacements sont de vastes étendues de pelouse, non délimitées. En revanche, chaque camping, sans exception, est équipé d’une cuisine super équipée où l’on retrouve frigo, plaques chauffantes, éviers, ustensiles, vaisselle (et parfois des condiments !), le tout dans une pièce chauffée prévue pour recevoir une vingtaine de personnes en moyenne. Les sanitaires, vraiment rudimentaires, sont propres et bien chauffés.

Sur la route

Nous n’avons vu personne sur la route au mois de juin. Il y a de la place pour tout le monde, au milieu de ces grands espaces sauvages. Il faut faire très attention, car l’itinéraire emprunte de nombreuses pistes (sans risque) en terre et cailloux, notamment dans les fjords du Nord-Ouest : il est important de bien préparer ses itinéraires. Comme partout, il y a des limitations de vitesse, mais… on ne voit personne : pas de radars – ou alors ils m’ont échappé ! –, pas de contrôles. Le ravitaillement en carburant ne pose aucun problème.

Attention tout de même sur certaines portions où les pompes sont espacées : il faut prévoir, c’est un road trip ! Enfin, en ce qui concerne l’orientation et l’itinéraire, le GPS de la voiture et les fonctions du smartphone fonctionnent comme en France.

Coût et bilan du voyage

Depuis mon domicile, en Normandie, et le port d’embarquement de Hirtshals, dans le nord du Danemark, il y a 3 000 km aller-retour. On traverse la Belgique, les Pays-Bas, l’Allemagne et le Danemark. Sur place, nous avons parcouru 4 000 km, ce qui fait un total de 7 000 km avec un prix moyen du gazole un peu supérieur à la France. À ces 7 000 km de voiture s’ajoutent les 3 000 km de bateau aller-retour, soit 5 jours de navigation au total.

Nous avons dépensé pour deux personnes environ 8 000 euros, en incluant 1 200 euros de carburant pour 7 000 km et 1 000 euros pour les attractions. Cela inclut également le cout de la traversée, qui est le poste de dépense principal. Le prix du ferry en pension complète pour deux personnes avec voiture et caravane est d’environ 5 000 euros.

Cela peut paraitre cher, mais si l’on passe plusieurs semaines sur place et que l’on cuisine (les restaurants sont hors de prix), cela devient cohérent. Habituellement, lorsque je visite un pays, je fais des arrêts de quelques jours, pour m’imprégner des lieux. Si vous voulez tout voir de l’Islande – car c’est possible en 24 jours –, il faut pratiquement lever le camp chaque matin. C’est en tout cas un merveilleux voyage que je souhaite à tous les caravaniers !

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