PLAINTE DES HôTELIERS FRANçAIS CONTRE AIRBNB : « C'EST DAVID CONTRE GOLIATH », DéNONCE L'UMIH

Les métiers de l'hôtellerie et de la restauration vont cette année avoir du pain sur la planche. Entre les Jeux Olympiques qui se déroulent à Paris ainsi que sur d'autres sites olympiques comme Marseille et l'arrivée du tour de France sur la Promenade des Anglais en juillet, les professionnels du secteur se préparent à recevoir un afflux de touristes aussi bien Français qu'internationaux.

« A date, nous avons des taux d'occupation qui flirtent avec les 70% pour Paris intra-muros, soit une progression de 14 à 15% par rapport à la période normale », s'enthousiasme Eric Abihssira, le vice-Président confédéral de l'Union des métiers et des industries de l'hôtellerie (UMIH) et président de la Fédération Hôtellerie Restauration Tourisme UMIH NCA (Nice Azur et Alpes).

Malgré cet engouement, un sujet préoccupe en particulier les hôteliers : Airbnb. Fin juin, 26 d'hôteliers répartis dans toute la France ont assigné la plateforme pour concurrence déloyale et lui réclament 9,2 millions d'euros. Une audience est ainsi prévue le 6 septembre au tribunal de commerce de Lisieux.

« C'est David contre Goliath », commente le vice-président du premier syndicat patronal du secteur. « Notre but n'est pas de couper la tête de Goliath mais de retrouver un équilibre », complète-t-il.

Lire aussiLogement pour actifs, ruralité, attractivité, les batailles de l'UMIH Nice Azur et Alpes

« La procédure va être longue »

Dans le détail, les hôteliers reprochent à Airbnb de ne pas respecter toutes ses obligations comme la mention du numéro d'enregistrement sur certaines annonces, de ne pas supprimer les annonces de plus de 120 jours pour les résidences principales ou encore de ne pas payer la taxe de séjour.

« Notre cible est la professionnalisation des locations touristiques de courte durée où certains investissent dans des parcs locatifs, ce qui crée une concurrence déloyale », précise Eric Abihssira.

Les hôteliers sont représentés par le cabinet d'avocat Goldwin, le même qui avait assisté la Fédération des taxis parisiens contre la plateforme Uber en 2020. Néanmoins, Eric Abihssira prévient : « Ces hôteliers sont courageux car la procédure va être longue ». D'autant que si le syndicat soutient cette action, elle n'y est pas associée. En effet, elle est déjà à l'origine d'une autre plainte pour concurrence déloyale contre le géant mais cette fois-ci auprès du tribunal de commerce de Paris.

De son côté, Airbnb se défend et assure se conformer à toutes ses obligations : « Tandis que ce lobby hôtelier s'évertue à défendre des arguments contraires aux droits français et européen, Airbnb a permis à de nombreuses familles de gagner environ 3.800 euros en moyenne, et aux communes de percevoir 187 millions d'euros de taxe de séjour, sur la seule année 2023 », avait indiqué la plateforme dans une déclaration transmise à l'AFP. Dans le même temps, une loi sur les meublées touristiques censée davantage réguler le secteur est en suspens depuis la dissolution de l'Assemblée nationale.

Lire aussi« Trop de charges, de concurrence déloyale, de difficulté »: les entreprises de l'hôtellerie-restauration frappées par les faillites en 2023 (Umih)

Une pénurie de logement qui pénalise l'attractivité du secteur

Autre épine dans le pied des professionnels de l'hôtellerie et de la restauration : la pénurie de logements des saisonniers et plus largement des salariés. « La problématique d'Airbnb induit cette pénurie », commente Eric Abihssira.

Un manque de logement qui contribue ainsi au manque d'attractivité de la profession. « L'une des premières questions lorsqu'un salarié postule à un poste concerne l'hébergement qu'on peut lui proposer », explique le Vice-Président de l'Umih. En effet, il devient de plus en plus difficile pour les salariés et saisonniers de trouver un logement adéquat, sans renoncer à une grosse partie de leur rémunération.

Pour remédier à ce problème, plusieurs initiatives ont cependant vu le jour dans les régions. « Sur le territoire de la région Nice Azur et Alpes certains se sont regroupés pour louer un camping fermé et mettre des mobil-homes » donne comme exemple Eric Abihssira. L'UMIH Nice Azur et Alpes a également identifié trois identités foncières, dont deux qui appartiennent à la ville de Nice pour à terme imaginer une maison de saisonniers susceptible d'accueillir 90 à 120 logements.

Néanmoins, le vice-président de l'Umih reste positif sur les métiers de l'hôtellerie et de la restauration :

« Ce sont de beaux métiers, avec un ascenseur social exceptionnel. On peut commencer veilleur de nuit et finir un jour directeur général d'un cinq étoiles », s'émerveille-t-il.

>>> Regardez en vidéo l'entretien complet de Eric Abihssira sur le plateau TV de La Tribune

2024-07-05T12:22:29Z dg43tfdfdgfd