MALGRé LA PLAGE ET LE SOLEIL, LA RETRAITE N’EST PAS TOUJOURS BELLE EN OUTRE-MER

Plages magnifiques, beaux lagons… Les outre-mer font rêver. Pourtant, la vie des habitants n’y est pas forcément rose. Surtout celle des retraités. Les pensions y sont souvent très basses.

Quand il se lève de son siège, numéro 582, à l’extrême gauche de l’hémicycle de l’Assemblée, chemise polynésienne sur le dos et tatouages aux bras, il ne laisse personne indifférent. Lorsqu’il ajuste son micro et commence à prendre la parole, en cette séance de questions au gouvernement, il en impose…

Ce mardi 17 janvier après-midi, avant-veille des premières manifestations contre la réforme des retraites, Moetai Brotherson est inquiet. Il s’adresse, alors, à la Première ministre, mais c’est Olivier Véran, le porte-parole de l’exécutif, qui lui répond. De manière maladroite et un peu hors sujet d’ailleurs.

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« Derrière la carte postale »

Le député communiste de Polynésie veut attirer l’attention du gouvernement sur la situation sociale des plus âgés, chez lui dans le Pacifique Sud, mais aussi à la Réunion et à Mayotte, en Guadeloupe, en Martinique et ailleurs, dans toutes ces régions éloignées de la métropole.

« Vu de Matignon ou de l’Élysée, on a souvent l’impression que les outre-mer, c’est la carte postale, les plus beaux lagons, les plus belles plages, Ariane espace ou encore 98 % de la biodiversité, explique le parlementaire. Mais retournons cette carte postale et regardons ce qu’il y a. » Et c’est bien moins joli…

C’est là où résident les Français les plus pauvres, où l’espérance de vie est inférieure de six ans à celle de l’Hexagone. C’est là également où les pensions de retraite sont 15 à 17 % plus faibles qu’en métropole, où les conditions d’emploi des femmes sont « déplorables » , où les carrières hachées sont trois fois supérieures à celles de l’Hexagone…

Différenciation

Moetai Brotherson demande, alors, une prise en compte de ces spécificités par la réforme des retraites. Il réclame l’ouverture « d’une concertation avec les élus d’outre-mer », estimant qu’une « politique différenciée » est indispensable entre la métropole et ses morceaux de France éparpillés aux quatre coins de la planète. Mais sa demande reste totalement vaine. « Uniformité » , lui répond l’exécutif.

Pourtant, les statistiques sont têtues. De 9 à 15 % des retraités de l’outre-mer sont en grande pauvreté, contre 1 % dans l’Hexagone. C’est à la Réunion que les pensions sont nettement les plus faibles : 28 % de moins qu’en métropole (en raison d’emplois informels, peu qualifiés, pas toujours déclarés) alors que le coût de la vie y est plus élevé.

Autant d’éléments que Moetai Brotherson compte à nouveau mettre sur le tapis lors du débat sur les retraites la semaine prochaine au Palais Bourbon. Avec la ferme intention d’être écouté cette fois, fort des deux millions d’Ultramarins qu’il représente.

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